Les phéniciens
 
L’Espace Phénicien entre terre et mer 

 

« … Les établissements phéniciens présentent entre eux un bon nombre de traits commun : outre leur petite dimension situation et topographie les réunissent. La comparaison des sites montre … que leur choix ne résultent pas du hasard ; Strabon (III, 5, 5) est d’un grand secours quand il décrit la fondation de Cadix : « Sur la fondation Gadéira, voici ce que racontent les Gaditans. Un oracle adressé aux Tyriens leur ordonna d’envoyer les colonies aux de Colonnes d’Héraclès (= Gibraltar)… »

« … En cela, les Tyriens recherchaient ce qu’ils quittaient, des îles comme celle d’Arwad ou de Tyr, ce qu’Ezéchiel résume quand il invecte Tyr : « Toi qui habites les avenues de la mer, toi qui fais du commerce avec les peuples, avec des îles nombreuses » (EzéchielXXVII, 3). Aujourd’hui Cadix se présente une presqu’île. Mais les phéniciens s’étaient installés face à l’emboucure du Guadalete sur un archipel (ce qui peut expliquer l’usage du pluriel en grec et en Latin : Gadeira, Gedeira ; Gedeiroi, Gdes), plus particulièrement sur deux îles, séparées par un « canal » qui a pu servir de port intérieur. Ce canal a été comblé à l’époque romaine et plus tard les îles ont été rattachées au continent. Sur un promontoire de lîle occidentale (Erytheia), s’était développé l’habitat. Et à l’ouest de l’île orientale (Kotinossa), la plus grande, se trouvait la nécropole et, à son extrémité sud orientale, le célèbre temple de Melqart… »

D’autre autres exemples d’îlots occupés par les phéniciens, Motyè, à la pointe ouest de Sicile ; puis sur la côte de l’Algérie, Rachdoun et sur le rivage du Maroc, Mogador.

Malte, île du plus grand large pour les navigations d’Est en Ouest, est plus proche de Syracluse que Tripoli (phénomène bien remarqué par les phéniciens); elle est située à l’entrée du Canal de Sicile. Particulièrement au milieu et dans la seconde moitié du IIe millénaire avant J.-C., Cette île a connu une civilisation indigène très évoluée. Et, selon Diodore de Sicile (V, 12, 3) : « L’île est une colonie des Phéniciens qui, étendant leur commerce jusqu’à l’Océan qui se trouve au Couchant, la prirent comme refuge (Kataphugè) en raison de ses bons ports et de la situation en haute mer. C’est à cause de cela que ses habitants qui avaient été grandement aidés par les marchands s’adaptèrent à leur mode de vie et crûrent par renommée. » Ce qui prouve qu’il y avait déjà une navigation de haute mer.

Le sanctuaire de Tas-Silg situé à la périphérie de la baie de Marsaxlokk, consacré à une déesse locale par les Chrétiens, se transforme au VIIe siècle par les phéniciens en un riche sanctuaire d’Astarté dans lequel ils ont aménagé un édifice mégalithique. Il est intéressant de signaler que le centre principal des phéniciens se situe au centre de l’île de Malte et non pas au bord de la mer.

Relations avec les indigènes :

Les Phéniciens, en s’installant sur les côtes de Méditerranée, ne semblent pas être entrés en conflit avec les populations indigènes. Toutes les observations qu’on peut faire…donnent l’impression que les diverses communautés vivaient en bonne entente. Au-delà des comportements différents, la coexistence semble prédominer entre les Phéniciens et les indigènes qui, il est vrai, sont le plus souvent aux marges des sites phéniciens. Un seul texte (prouve l’existence d’un territoire exploité par les phéniciens installés) fait état d’un tribut exigé par les indigènes : il s’agit de celui que les Phéniciens durent verser aux Lybiens pour pouvoir s’installer à Carthage (Justin, XVIII, 5, 14). 

 

            L’Univers phéniciens : M. gras, P. Rouillard, J. Teixidor